Les mouvements ecclésiaux et les communautés nouvelles sont des lieux de profonde et solide formation chrétienne. En effet, ils se distinguent par la richesse et la variété de leurs méthodes pédagogiques et l’extraordinaire efficacité des itinéraires éducatifs qu’ils proposent. Et l’on peut à juste titre se demander les raisons d’un tel pouvoir pédagogique. Leur «secret», pour ainsi dire, est contenu dans les charismes qui les ont engendrés et qui en constituent l’âme. Le charisme est à l’origine de cette « affinité spirituelle entre les personnes » qui donne vie à la communauté et au mouvement. C’est grâce à ce charisme que la fascinante expérience originelle de l’événement chrétien, dont tout fondateur est un témoin privilégié, peut se reproduire dans la vie de nombreuses personnes et de plusieurs générations de personnes sans rien perdre de sa nouveauté et de sa fraîcheur. Le charisme est la source de l’extraordinaire force éducative des mouvements et communautés nouvelles. Cette formation commence par une profonde conversion du cœur. Rien de surprenant donc que ces nouvelles réalités ecclésiales comptent parmi leurs membres beaucoup de convertis, des gens qui «viennent de loin » pour la plupart. Au début de ce cheminement, il y a toujours une rencontre personnelle avec le Christ, la rencontre qui change radicalement la vie. Une rencontre qui advient par le truchement de témoins crédibles, qui ont revécu dans le mouvement l’expérience des premiers disciples: «Venez et voyez» (Jn 1,46). Dans la vie des membres des mouvements ecclésiaux et des communautés nouvelles, il y a toujours un «avant» et un «après». Quelquefois, la conversion du cœur est un processus graduel qui prend du temps. D’autres fois, elle arrive de manière fulgurante, inattendue et déconcertante, mais dans un cas comme dans l’autre, elle est toujours vécue comme un don gratuit de Dieu qui fait déborder le cœur de joie et devient une richesse spirituelle pour toute la vie. « Dieu existe, je l’ai rencontré »: tant de membres des mouvements ecclésiaux et des communautés nouvelles pourraient faire leurs ces paroles d’André Frossard, un converti lui aussi!

La formation est le domaine par excellence où s’exprime l’originalité des charismes des différents mouvements et communautés. Ceux-ci ont en effet, chacun, un parcours formatif de la personne basé sur une pédagogie propre. Il s’agit, en général, d’une pédagogie christocentrique qui vise à l’essentiel, c’est-à-dire qui entend réveiller chez le converti le sens de la vocation baptismale, typique des disciples du Christ. C’est une pédagogie radicale qui n’édulcore pas l’Évangile, mais qui exige et propose un idéal de sainteté. Cette pédagogie se développe au sein de petites communautés chrétiennes qui, – surtout dans une société «atomisée» comme la nôtre où la solitude et la dépersonnalisation des relations humaines sont de plus en plus monnaie courante – deviennent des points de repère et de soutien indispensables pour les chrétiens. Nous pouvons définir cette méthode comme une pédagogie « intégrale » puisqu’elle embrasse et tient compte de toutes les dimensions de l’individu, créant ainsi un sentiment d’appartenance «totale» au mouvement, une appartenance qui diffère de tout autre type d’adhésion aux groupes et associations d’intérêts existants. En effet, cette appartenance se traduit par un sens aigu d’appartenance à l’Église et par un amour profond pour Elle. Il n’est donc pas excessif d’affirmer que les mouvements et les communautés nouvelles sont de véritables écoles pour la formation des chrétiens «adultes». Comme l’écrivait, il y a quelques années, le cardinal Joseph Ratzinger, les mouvements et les communautés nouvelles sont des “modalités fortes de vivre la foi, qui raniment les personnes et leur donnent vitalité et joie, une éloquente présence de foi  dans le monde”.