Dans le monde postmoderne, très fortement sécularisé, les défis auxquels il est nécessaire de donner une réponse concrète et immédiate ne font pas défaut. Le Pape Jean-Paul II parlait d’une dangereuse “apostasie silencieuse” de la part de nombreux baptisés de notre Europe. Benoît XVI également fait souvent référence à un “christianisme fatigué” et découragé qui a besoin de redécouvrir la joie et l’enthousiasme de la foi ; il parle aussi d’un “étrange oubli de Dieu” qui fait vivre comme si Dieu n’existait pas. La culture postmoderne fait tout ce qu’elle peut pour éliminer Dieu de l’horizon de la vie. Et pourtant les signes d’espérance ne manquent pas: de nombreux laïcs – hommes et femmes, jeunes et adultes – redécouvrent la beauté d’être chrétiens et vivent joyeusement et avec passion leur appartenance au Christ et à l’Église. Leurs capacités de faire des choix radicaux en faveur de l’Évangile et leurs témoignages d’une sainteté authentique sont même parfois surprenants.
Sur cette base les grandes tâches de l’Église envers le laïcat peuvent se résumer en trois concepts: identité, présence et formation.
Le monde postmoderne vise à estomper et à confondre l’identité des baptisés. Il faut donc retourner à l’essentiel et favoriser la croissance de personnalités chrétiennes mures et cohérentes. Être un chrétien laïc est une véritable vocation, et cela comporte une mission dans l’Église et dans le monde. Un laïc est un chrétien qui vit et qui donne témoignage du Christ au cœur du monde: comme levain évangélique, comme sel de la terre. Benoît XVI dit qu’à l’origine du fait d’être chrétien il n’y a pas un choix éthique, ni d’un idéal, mais la rencontre avec un évènement, avec une Personne, qui est le Christ. Notre identité chrétienne, provenant du Baptême, et qui par le Baptême est sacramentalement scellée, est modelée et alimentée par cette rencontre.
Le deuxième grand problème est celui d’une présence chrétienne incisive dans le monde. La culture dominante nous pousse à reléguer la foi dans la sphère des questions strictement privées, et essaye de rendre les chrétiens invisibles, car ils sont gênants. La laïcité de l’État a tendance à se transformer en un laïcisme fondamentaliste et hostile. Les chrétiens laïcs, pour être vraiment ce qu’ils sont et annoncer Jésus Christ, doivent avoir le courage – plus de courage – d’aller à contre-courant. Une plus grande unité entre la foi et la vie est nécessaire, et cela surtout pour ceux qui ont des responsabilités sociales, culturelles et politiques.
La formation d’identités chrétiennes fortes et une présence des chrétiens dans la vie publique plus visible et incisive requièrent une connaissance approfondie de la doctrine sociale de l’Église et une solide éducation à la foi. Une tâche plutôt ardue en ces jours marqués par une préoccupante urgence éducative sur laquelle Benoît XVI est souvent revenu. Pour la formation des laïcs aujourd’hui il faut repartir des fondements mêmes, c’est-à-dire de la signification du Baptême et de la foi, ce qui n’est absolument pas évident même parmi les baptisés. La formation d’un laïcat mur et conscient demande une véritable initiation chrétienne post-baptismale qui favorise la rencontre personnelle avec le Maître. Les points de référence importants pour cette formation sont Le Catéchisme de l’Église catholique, car l’ignorance de la foi constitue toujours un grave danger, et Le Compendium de la Doctrine sociale de l’Église, un vademecum sûr pour les chrétiens laïcs appelés à donner leur contribution à la solution des graves problèmes qui affligent le monde contemporain.
