Le sport, école d’excellence?

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À l’occasion de la Coupe du Monde de football qui a eu lieu à Rio di Janeiro, au Brésil en juillet dernier, la revue Famille Chrétienne a publié deux articles sur le sport : “Le sport école d’excellence” et “Le sport canalise la violence”. La revue Famille Chrétienne, créée en 1978, est un magazine à destination de la famille qui propose au rythme hebdomadaire un regard chrétien sur l’actualité. Pour plus de détails s'il vous plaît consulter le site Web: http://www.famillechretienne.fr/

Avec l’autorisation des responsables de la revue nous publions ici l’article : “Le sport école d’excellence”. L’article intitulé  “Le sport canalise la violence” peut être lu en cliquant ici.

 

 

 

 

 

Le sport, école d’excellence?

Par Charles-Henri d’Andigné

 

À l’occasion de la Coupe du monde de football (12 juin-13 juillet), enquête sur le sport, vecteur de valeurs qui n’ont plus guère cours dans la société: dépassement de soi, sens du sacrifice, respect des règles, esprit d’équipe. Et qui aide à donner le meilleur de soi.

 

Le sport est ambivalent. D’un côté, il est un refuge où des valeurs dites « ringardes» semblent encore avoir droit de cité. Il est permis, dans une enceinte sportive, de brandir son drapeau, de chanter à tue-tête l’hymne national ; chacun sait qu’une compétition sportive oblige au respect des lois et des règles, sans quoi elle est impossible, et que l’intérêt supérieur du sport et de la compétition demande efforts et sacrifices, il n’est que de regarder un cycliste grimper une côte en plein cagnard lors du Tour de France : on l’admire, on souffre avec lui, on voudrait lui ressembler. En même temps, le sport de haut niveau – le football en particulier, mais pas seulement –, est devenu une sorte d’antenne du capitalisme débridé et mondialisé : argent facile et parfois douteux, mœurs discutables, performances à tout prix, dopage, etc. Le sport peut-il mener à l’excellence dans ces conditions?

Petit retour en arrière. Le football, explique l’historien Paul Dietschy (voir p. 11), est né au XIXe siècle dans les public schools britanniques. Dès le début, il a un aspect moral et disciplinaire, fait pour canaliser la violence des élèves. Cet aspect formateur n’échappe pas aux éducateurs du continent, notamment les prêtres, qui au siècle suivant importeront le football via les patronages. «Les premiers dirigeants du football français sont catholiques, remarque Paul Dietschy, par exemple Jules Rimet. Même chose en Italie, avec le “calcio d’oratorio”, le football de patronage, ou en Afrique, avec les missionnaires. Les premiers clubs en Afrique s’appelaient les Jeanne d’Arc : ceux de Dakar, de Bamako, de Libreville.» En France, les vieux stades gardent la marque de cette époque: celui de l’abbé Deschamps, à Auxerre, ou du Père Prévost, à Montpellier. Ces origines marqueront le football pour longtemps, jusque dans les années 70-80.

Depuis, les choses ont bien changé. La mondialisation a envahi le sport, et l’argent roi le football ou le cyclisme. La performance à tout prix s’est imposée, avec le dopage et la triche, comme lors de ce fameux match France-Irlande de 2009, où les Bleus se qualifièrent grâce à une main de Thierry Henry.

Dans Le plus beau but était une passe (éd. Climats), le philosophe et passionné de foot Jean-Claude Michéa estime que le football, devenu «l’un des rouages les plus importants de l’industrie mondiale du divertissement», a vu ses pratiques dériver: «Le souci du beau jeu a progressivement cédé la place à l’idée jugée plus “réaliste” selon laquelle une équipe doit d’abord être organisée pour ne prendre aucun but». Fini le jeu offensif, plein de panache, où l’on s’engage et où l’on prend des risques; vive le jeu défensif, efficace, standardisé, où l’on se contente d’exploiter les failles de l’adversaire. Ce qui explique que selon lui, «tant de matchs soient, de nos jours, si ennuyeux à regarder».

Un procès en médiocrité et en standardisation très exagéré, selon Arnaud Bouthéon, consultant auprès d’institutions sportives: «Les clubs, malgré tout, gardent leur style: prenez le Real Madrid, plutôt bourgeois, et l’Atlético Madrid, qui recrute dans les faubourgs. Les joueurs aussi ont leur personnalité, échappant au rouleau compresseur capitaliste: Ibrahimovic est un athlète hors-norme qui fascine par son autorité et sa prestance physique et psychologique».

Querelle de spécialistes? Pas seulement. Le beau jeu par nature est gratuit, il sert la beauté du sport et celle du geste. Le jeu utile est une injure au véritable esprit du sport, qui veut qu’il reste un jeu, rien qu’un jeu, qu’on ne gagne pas à tout prix, mais seulement en observant les règles, en respectant l’adversaire et en acceptant de perdre.

«Pour ce grand sportif qu’était Jean-Paul II, gardien de but dans sa jeunesse, la finalité du sport est d’accomplir le geste le plus juste», rappelle Arnaud Bouthéon. Ce dernier insiste sur des bienfaits méconnus du sport. L’acceptation de l’adversité: «L’adversité me révèle, me fait grandir, m’oblige à m’élever au-dessus de moi-même». L’esprit d’enracinement: «L’aspect communautaire est d’autant plus important dans notre société ultra fragmentée et individualiste». L’intelligence des règles: «La règle est indispensable pour que le duel soit équitable. Et les contraintes obligent à nous surpasser».

L’absence de mixité: «Le sport est un des rares domaines où se retrouver entre hommes ou entre femmes est naturel. C’est intéressant sur le plan éducatif». Tous ces principes, aucun sport mondialisé ne pourra y mettre fin.

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