Nuria Calduch-Benages, MN
Flaminia Giovanelli, première femme laïque nommée sous-secrétaire du Conseil Pontifical Justice et Paix, a fait récemment cette déclaration pour l’Osservatore Romano : « Il y a des domaines ecclésiaux où la femme excelle, je pense en particulier à celui de la direction spirituelle. Si recevoir le sacrement de la réconciliation est essentiel pour un chrétien, parce qu’il le réconcilie avec Dieu, la direction spirituelle est d’une importance fondamentale pour sa vie : savoir de façon rationnelle que le péché est pardonné n’équivaut pas toujours à se sentir pardonné. Combien il est important d’être aidé par quelqu’un pour reconnaître et correspondre au plan que le Seigneur a sur chacun d’entre nous ! Et combien de fois cette aide est donnée par une femme, justement grâce à la sensibilité et l’affectivité qui lui sont propres ! ».
En lisant ces mots, je me suis immédiatement rappelée des amma du désert, ces femmes chrétiennes des IVème et Vème siècles, fondatrices de certaines des premières communautés féminines, afin que leur sagesse devienne accessible à un public plus vaste. Amma, terme utilisé pour désigner une “mère spirituelle”, est l’équivalent de abba, le nom donné au “père spirituel”. Amma, comme le dit Mary Forman, « se réfère à la capacité de devenir guide spirituel d’autres personnes et n’est pas forcément associé au rôle d’abbesse ou de supérieure ».
Même si la vie de ces mères du désert a été découverte depuis peu, leurs biographies et leurs histoires sont des perles de sagesse qui révèlent le rôle fondamental qu’elles ont joué dans la fondation du monachisme. Leurs noms sont entre autres Marie l’Égyptienne, Sarra, Théodora, Synclétique, Mélanie, Marie, sœur de Pacôme, Marcelle, Macrine, sœur de Grégoire de Nysse. Femmes sages, porteuses de l’Esprit et studieuses de l’Écriture, les amma du désert ont mis leurs vertus et leurs dons au service d’autrui. Amoureuses de Dieu, du désert et de la prière, celles-ci se révélées être d’authentiques guides spirituelles pour toutes les personnes, hommes et femmes, qui en avaient besoin.
Ceci est un héritage pour toutes les femmes d’aujourd’hui, un héritage que nous devons conserver car c’est une part de notre histoire et aussi un stimulant pour l’avenir.